UN REGARD  SUR  L'HISTOIRE
Le Sri Lanka est habité depuis des milliers d’années ; il y a sans doute plus de dix mille ans qu’on y cultive la terre. Les premiers habitants de l’île auraient été les Veddas (qui se nommaient eux-mêmes Vannialatto, ou « gens de la forêt »). Leurs descendants habitent toujours dans des petits villages de la forêt tropicale.

Entre 500 et 300 avant J.-C., des peuples du nord et du sud de l’Inde arrivèrent dans le pays et s’établirent le long des rivières dans les plaines du nord et du sud-ouest : les Cinghalais, qui venaient du nord de l’Inde, se convertirent au bouddhisme au IIIe siècle ; les Tamouls, qui venaient des États du sud de l’Inde, s’établirent dans la péninsule de Jaffna, aujourd’hui encore centre de la culture tamoule sri lankaise.

Les deux groupes cultivaient le riz, utilisant, dans le nord et l’est de l’île, des systèmes d’irrigation à grande échelle. Les Sri Lankais étaient les plus grands irrigateurs de l’antiquité : il serait difficile, même avec la technologie moderne, de surpasser leurs exploits d’ingénierie.

L’île fut souvent la cible d’invasions des puissants États du sud de l’Inde. C’est pourquoi au XIIe siècle, après avoir plusieurs fois été envahis par l’empire Chola, les Cinghalais déplacèrent leur capitale plus au sud. Ainsi séparés des Tamouls par une ceinture de montagnes et de forêts denses, ils fondèrent de nouvelles villes sur la côte et dans les montagnes de l’intérieur. Un puissant royaume tamoul s’établit dans le nord, avec Jaffna pour capitale. C’est également à cette époque que les premiers marchands arabes de confession islamique débarquèrent sur l’île et s’y installèrent.

Au XVIe siècle commença la colonisation du Sri Lanka par les Européens, qui le nommèrent Ceylan. Les premiers furent les Portugais, qui finirent par être chassés par les Hollandais, à leur tour remplacés par les Britanniques. Ces derniers introduisirent la langue anglaise, par l’entremise d’écoles tenues par des missionnaires et construisirent des routes et des chemins de fer. Ils plantèrent cannelle, thé et hévéa, et firent venir des milliers de Tamouls du sud de l’Inde pour travailler dans les plantations. Les Tamouls d’origine indienne représentent aujourd’hui près de 5 % de la population tamoule du Sri Lanka.

En 1948, Ceylan acquit le statut d’État indépendant et devint membre du Commonwealth (mais son nom ne devint Sri Lanka qu’en 1972). En 1956, le gouvernement décréta le cinghalais langue officielle du pays. Les Tamouls, qui formaient près de 20 % de la population, se sentirent alors menacés et les relations entre Tamouls et Cinghalais devinrent de plus en plus tendues.

En 1983, on assista à une escalade de la tension, qui se traduisit bientôt en meurtres, représailles et actes de vengeance. En 1987, un accord indo-sri lankais décida de l’envoi de forces indiennes de maintien de la paix sur l’île ; ces mesures se conclurent toutefois par un échec et le retour de la violence en 1990. Depuis, les tentatives de règlement pacifique se sont heurtées à la résistance des groupes militants cinghalais et tamouls, et des milliers de civils des deux camps ont été menacés, torturés et tués. Les Tigres tamouls, ou LTTE (Liberation Tigers of Tamil Eelam), organisation militante tamoule qui réclame un État tamoul indépendant, dominent maintenant une grande partie du nord et de l’est du Sri Lanka. Ceci ne veut pas dire pour autant que tous les Tamouls sont séparatistes : beaucoup préconisent une forme de fédéralisme de type canadien et souhaitent un règlement pacifique. Cependant le conflit armé continue, et des milliers de Sri Lankais tentent d’obtenir l’asile politique à l’étranger.




  Le saviez-vous ?
C’est au Sri Lanka que fut élue la première femme première ministre au monde, Sirimavo Bandaranaike, en 1960.