L’anglais est la langue officielle
de la Jamaïque depuis le XVIIe siècle, mais les Jamaïcains
parlent aussi le créole jamaïcain, à tous les niveaux
de la société. Si dans les villes la plupart parlent et le
créole et l’anglais, dans les zones rurales il n’est pas rare que
les gens parlent seulement créole. Le créole s’est développé à l’époque coloniale ; langue des esclaves, le créole jamaïcain, tout en ayant l’anglais comme base, a intégré des éléments d’espagnol, de portugais et de langues d’Afrique de l’Ouest, tels le twi, l’ewe et l’akan. Cette langue, en évolution constante, reflète la vitalité de la culture jamaïcaine et son important patrimoine africain. Autrefois essentiellement oral, le créole est aujourd’hui aussi une langue écrite. De nouveaux mots s’ajoutent sans cesse au dictionnaire jamaïcain. Si nombre d’entre eux ressemblent à leur équivalent anglais, d’autres sont totalement différents : ital signifie par exemple « aliment naturel » et irie, « excellent, magnifique ». En général, la prononciation est plus proche de celle des langues d’Afrique de l’Ouest que de l’anglais : ainsi, le « th » se prononce « d » ou « t ». La grammaire du créole est également différente de la grammaire anglaise. Alors que le français et l’anglais font la différence entre le présent et le passé, le créole jamaïcain suit davantage la grammaire de certaines langues africaines qui privilégient la valeur aspectuelle de l’opposition continuité/non-continuité. Je lis peut ainsi vouloir dire « je suis en train de lire » ou « j’ai lu (ce livre) ». Certains mots anglais du vocabulaire créole n’ont pas évolué depuis le XVIIe siècle, témoignant ainsi de la longue isolation du pays de la Grande-Bretagne. On appellera ainsi une femme mariée « mistress » (maîtresse) et une cruche « goblet » (gobelet). Dans le même ordre d’idées, certains Jamaïcains portent de vieux noms anglais démodés. Les Jamaïcains aiment les débats et les jeux de langue ; les proverbes sont d’ailleurs très appréciés, comme celui-ci : « Ce qu’on aime n’est pas nécessairement bon pour soi ». La tradition orale jamaïcaine est aussi particulièrement forte, qu’il s’agisse de contes de fées, de légendes ou des célèbres histoires d’Anancy typiquement jamaïcaines.
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