UN REGARD  SUR  L'HISTOIRE
Perché sur un plateau à la charnière entre l’Europe, le Proche-Orient et l’Asie centrale, l’Iran a toujours été au carrefour des civilisations. Les bergers et les agriculteurs vivant au pied des montagnes du Zagros peignaient déjà des images de leur vie il y a 6 000 ans.

Durant l’Antiquité, le territoire de l’Iran actuel fut témoin de luttes entre rois et empires rivaux : Assyriens, Babyloniens, Égyptiens, Grecs et Perses (ancien nom des Iraniens) s’y affrontèrent notamment. Les Perses régnèrent à plusieurs reprises, et, à son apogée, l’Empire perse s’étendait de l’Inde à l’Égypte. À d’autres époques, la Perse fut elle-même envahie : parmi ses conquérants figurent Alexandre le Grand, des califes arabes, les Turcs, Gengis Khan et ses hordes mongoles...

Du XVIe au XXe siècle, l’Iran fut dirigé par des monarques absolus appelés shahs. En 1906, le royaume se dota d’une assemblée nationale et d’une constitution. En 1921, un coup militaire renversa la dynastie des Qadjars et plaça Reza Khan Palahvi sur le trône. Celui-ci encouragea les investissements étrangers et la création d’entreprises, et tenta de mettre fin au pouvoir islamique en créant notamment des écoles et des tribunaux laïcs. Si ces changements touchèrent peu les zones rurales, les villes virent se développer une classe instruite et occidentalisée. Pour la première fois, les femmes fréquentaient l’école et faisaient carrière.

Son fils, Muhammad Reza, hérita du trône en 1925 et poursuivit les mêmes politiques, notamment la redistribution des terres aux petits paysans. Certains Musulmans chiites fondamentalistes s’opposaient à sa politique envers les femmes et les paysans ; d’autres Iraniens s’opposaient à son recours à la police secrète et à sa dure répression politique. Dans les années 1970, les forces pro-islamiques et pro-démocratiques conduites par l’ayatollah Khomeyni (le guide spirituel, alors en exil, des Musulmans chiites) manifestèrent dans les rues, un peu partout dans le pays ; en 1979, le shah fut forcé à abdiquer et à s’exiler. L’Iran devint une république, et l’ayatollah Khomeyni, son chef suprême.

Khomeyni ayant vécu en exil pendant très longtemps, beaucoup d’Iraniens ignoraient qu’il était fondamentaliste. Il dirigea l’Iran en suivant à la lettre les règles de l’islam chiite. Le voile devint obligatoire pour les femmes, les observances islamiques furent étroitement contrôlées, et les lois et les programmes scolaires durent refléter les pratiques chiites. Ces politiques furent maintenues par le successeur de Khomeyni, Ali Khamenei.

La décennie qui suivit le départ en exil du shah connut d’autres bouleversements. En 1980, un conflit frontalier avec l’Iraq se transforma en guerre ; celle-ci dura jusqu’en 1987 et emporta presque toute une génération de garçons et de jeunes hommes. L’année même où un accord de paix était signé, un tremblement de terre faisait 50 000 victimes.

En 1997, Mohammad Khatami, chef du parti réformiste, fut élu président de l’Iran. Il introduisit des mesures religieuses et politiques plus modérées, en dépit d’une forte opposition des institutions cléricales conservatrices ainsi que des forces pro-démocratiques, qui souhaitaient des réformes plus radicales. Son gouvernement fut toutefois réélu sans problème en 2000.





  Le saviez-vous ?
La Route de la soie, voie commerciale de 6 400 km qui reliait autrefois la Chine à la mer Méditerranée, passait par l’Iran d’aujourd’hui. Cette voie joua un rôle important non seulement dans le commerce de marchandises, mais aussi dans la diffusion des idées, des techniques et des croyances.