Il y a deux mille ans, les Mayas étaient
à l’apogée de leur puissance. Leurs empires embrassèrent
des millénaires ; de nos jours, des ruines importantes situées
dans cinq pays témoignent encore du savoir-faire de leurs ingénieurs,
astronomes, agronomes et architectes, qui bâtirent des villes plus
grandes et plus avancées qu’aucune ville d’Europe à l’époque.
À l’arrivée du conquistador Pedro de Alvarado en 1523, les jours de gloire des empires étaient terminés et une multitude de petits groupes mayas se disputaient le pouvoir. Les Espagnols, grâce à leur cavalerie et à leurs fusils, parvinrent à assujettir la majorité de la population du Guatemala et à établir un régime colonial destiné à enrichir les conquérants. Les conditions de travail inhumaines imposées par les Espagnols et les nouvelles maladies qu’ils introduisirent firent que dans certaines régions, jusqu’à 90 % de la population périt sous leur joug. La fin du régime colonial ne mit pas un terme à l’exploitation. Les gouvernements qui se succédèrent après la déclaration d’indépendance du Guatemala (1821) favorisèrent les investisseurs étrangers au point de leur donner des terres communautaires et de leur accorder le droit de forcer 25 % des hommes à travailler dans les plantations. Les nombreuses communautés qui s’opposèrent à de telles politiques virent leur population massacrée. Après la Deuxième Guerre mondiale, deux gouvernements réformateurs, élus successivement, abrogèrent les lois les plus répressives et forcèrent certaines grandes sociétés à vendre à l’État les terres inexploitées pour qu’elles soient distribuées à des ouvriers agricoles sans terres. Sentant les intérêts américains menacés, les États-Unis autorisèrent en 1953 la C.I.A. à renverser le gouvernement guatémaltèque. La politique du pays fut ensuite dominée par le pouvoir militaire, soutenu par les États-Unis. Assassinats politiques et escadrons de la mort devinrent monnaie courante. La résistance s’organisa en guérilla et la violence s’intensifia. Bien qu’on s’en prît aux militants religieux, aux chefs syndicaux, aux universitaires et aux critiques du gouvernement, le gros de l’oppression s’abattit sur la population autochtone. Entre 1983 et 1985 seulement, environ 150 000 personnes furent tuées, des milliers furent emprisonnées ou disparurent, et plus de 400 villages furent détruits et souvent remplacés souvent par des « hameaux modèles » où il était obligatoire de parler espagnol et de travailler sous les ordres du gouvernement. On interdisait aux gens de sortir des hameaux, autour desquels l’armée patrouillait. Au milieu des années 1990, le gouvernement
consentit à réformer les institutions militaires, judiciaires
et agraires. Le mouvement de guérilla devint un parti d’opposition
officiel. Bien que la résistance et le pouvoir militaire aient déclaré
un cessez-le-feu en 1996, il n’est pas certain que le climat politique
se stabilise complètement au Guatemala dans un avenir rapproché.
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