UN REGARD SUR L'HISTOIRE
Le territoire du Salvador a vu s’épanouir plusieurs ethnies amérindiennes et fut le site d’une des plus grandes civilisations d’Amérique centrale. Quand, en 1519, il fut envahi par les Espagnols, il était dominé par les Pipils, reliés aux Aztèques par leur langue, le nahuatl. Le pays s’appelait alors Cuscatlán, ce qui signifie « terre de joyaux », et avait une densité de population déjà plus forte que celle du Canada d’aujourd’hui. C’était un État organisé, avec des lois, des impôts et des temples. Ses activités commerciales couvraient deux continents et le pays utilisait déjà des théories astronomiques et mathématiques plus avancées que celles de l’Europe.

Comme dans d’autres pays d’Amérique centrale, le colonialisme espagnol détruisit une grande partie de la culture autochtone et décima les populations, qui étaient enrôlées de force pour travailler dans les plantations de coton, de balsamiers et d’indigo (plante utilisée pour la teinture bleue) Aujourd’hui, 95 % des Salvadoriens sont encore en partie ou entièrement d’origine amérindienne.

Le Salvador obtint son indépendance de l’Espagne le 15 septembre 1821, mais les terres restèrent sous le contrôle d’une élite aisée. En 1856, le pays se sépara de la fédération des États d’Amérique centrale, formée au moment de l’indépendance : José Manuel Arce devint le premier président du Salvador. Pendant 70 ans, une succession de gouvernements adoptèrent des lois transférant officiellement les terres aux nantis et puissants ; la culture de l’indigo fut aussi remplacée par celle du café. En 1932, refusant de tolérer plus longtemps leur extrême pauvreté et la perte de leurs terres, les paysans se révoltèrent, avec à leur tête Farabundo Martí. L’insurrection fut réprimée et Martí assassiné ; s’établit alors la première d’une succession de dictatures militaires, soutenues par un petit groupe de propriétaires de plantations de café. 

L’opposition au gouvernement continua, mais toute tentative d’élection d’un gouvernement progressiste s’avéra impossible. En 1979, une guerre civile éclata entre la guérilla révolutionnaire socialiste (ou FMLN – Front Farabundo Martí de libération nationale) et l’armée gouvernementale, financée par le gouvernement américain. Le gouvernement mit sur pied des escadrons de la mort pour écraser les révoltes. Des milliers de paysans et de nombreuses personnalités politiques, syndicales et religieuses, dont l’archevêque Romero, furent assassinées. 

En 1990, après plusieurs appels à la paix du FMLN, le gouvernement accepta d’entamer des négociations parrainées par l’ONU. Le 16 janvier 1992, un cessez-le-feu fut signé. Aujourd’hui, le Salvador tient des élections légitimes et les droits de la personne y sont davantage respectés. Le FMLN, qui est devenu un parti de l’opposition, a, en mars 2000, remporté le plus grand nombre de sièges à l’assemblée législative. Et si le président actuel, Francisco Flores, est un conservateur, le FMLN a gagné la majorité des élections municipales du pays.


   Le saviez-vous?
L’archevêque Oscar Arnulfo Romero était une personnalité très populaire du Salvador. Ardent défenseur des droits de la personne, il fut proposé pour le prix Nobel de la paix quelques mois avant son assassinat, en 1980. Le film Romero (1988) est une adaptation cinématographique de sa vie.